Lucien HERVÉ 1910-2007
László Elkán est né en 1910 en Hongrie. Il arrive à Paris en 1929 mais se fait emprisonner par les Allemands pendant la seconde guerre mondiale. Il s’évade, puis entre dans la Résistance où il prend le nom de Lucien Hervé. Il devient photographe pour Marianne Magazine. Photographe d’architecture mais aussi amateur de musique, il dira qu’il interprète la création de l’architecte comme un musicien interprète une partition. La carrière de Lucien Hervé prend un tournant décisif grâce à sa rencontre avec Le Corbusier en 1949, qui le choisi comme photographe attitré. Ses photographies sont parfois à la lisière de l’abstraction, se jouant des géométries, et révélant une certaine tension des lignes architecturales opposant ombre et lumière. Un détail lui suffisait pour mettre en lumière l’ensemble. Bien que la figure de l’homme ne soit pas souvent présente dans ses œuvres, l’artiste cherche à valoriser l’architecte (que ce soit Le Corbusier ou d’autres), c’est à dire l’homme qui a créé les espaces qu’il magnifie. Il est décédé en 2007.
Durant soixante ans de carrière, l’artiste a été présenté dans de nombreuses publications, et son œuvre a été exposée dans plusieurs galeries et musées à travers le monde. L’exposition Géométrie de la lumière au Jeu de Paume du Château de Tours présente son œuvre en 2017. En 2019, la Villa Savoye de Poissy expose son travail lors de l’événement Géométries sous la lumière.
Visite du Palais Idéal 1970
Six tirages des 23 réalisés au Palais idéal sont conservés dans la collection du Palais. Prises un an après le classement au titre de Monument Historique en 1969, ces photographies témoignent de l’intérêt de Lucien Hervé pour cette architecture naïve. Observant “la source de la vie”, qui est le point de départ de l’œuvre du facteur Cheval, les visiteurs sont surveillés par les trois Géants qui gardent l’édifice. Dans une seconde photographie, l’artiste s’est placé sur la terrasse pour capturer un instant fragile. Propre à son travail, un certain jeu d’ombre et de lumière dessine au sol des formes géométriques ; en arrière-plan, la “Tour de barbarie” culmine en son sommet. Dans une prise de vue plus rapprochée, Lucien Hervé a aussi photographié des personnages qui semblent escalader le temple. Ces pèlerins sont modelés à la main, une dextérité que Ferdinand Cheval a gardé de son ancienne activité de boulanger. Sur un autre tirage, l’artiste a photographié le Belvédère à partir du Palais. C’est un monde inversé qui laisse entrevoir la campagne environnante et ses arbres en ligne d’horizon. Alors que le point de vue nous projette au loin, un fragment du palais au premier plan nous donne l’illusion d’une certaine proximité. Photographe d’architecture, en prenant ces clichés, Lucien Hervé reconnaît le génie du facteur Cheval.